L’émergence des startups industrielles pour contrer la désindustrialisation

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15 min readNov 28, 2022

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Le dernier quinquennat fut celui de toutes les crises et sonnera paradoxalement le début de la fin d’une crise au plus long cours. Les Gilets jaunes ont marqué d’un fer rouge la fracture territoriale qui s’installe en France depuis de nombreuses années. Le Covid, par un arrêt net, nous a fait prendre du recul sur notre système économique en mettant en exergue ses faillites. La guerre en Ukraine a remis en question notre souveraineté énergétique et notre stratégie géopolitique. Enfin, la France établit un nouveau record avec 85Md€ de déficit commercial en 2021. Toutes ces crises ont dans leurs enjeux, causes et conséquences un point commun : l’industrie. Ce mot à la fois clair et mystérieux, un peu ancien, est d’ailleurs revenu en pleine gloire lors des dernières élections présidentielles françaises dans la bouche des candidats de tous bords sous une forme moderne et pleine d’espoir : la réindustrialisation. Que s’est-il donc passé pour que se forme ce consensus rare en politique qui exprime bien l’importance de cet enjeu de société, malgré les compétences inégales de chacuns pour l’appréhender ?

La désindustrialisation française

Pour comprendre ce mot mystérieux et la situation actuelle, nous allons devoir reprendre le fil de l’histoire en regardant dans son miroir : la désindustrialisation. C’est un phénomène majeur dans l’histoire de la France mais qui reste pourtant mystique, débutant dans les années 70 et qui s’est brutalement accéléré à l’aube du XXIème siècle. Entre 1995 et 2015, le pays a perdu la moitié de ses usines et le tiers de son emploi industriel, des vallées industrielles ont été rayées de la carte économique, des savoir-faire ont disparu, la société française a délaissée son industrie au profit de la mondialisation et de la tertiairisation de son économie. Cet évènement encore en cours pèse sur l’équilibre politique et social du pays ainsi que sur son avenir de nation indépendante.

Début des années 70, le premier choc pétrolier vient affaiblir notre tissu industriel et beaucoup de PME font faillite. Ce n’est que le début d’une longue période de réformes politiques, représentant tant d’avancées sociales que de contraintes aux entreprises, allant des causes de licenciement, les 39 heures, les 5 semaines de congés payés et une rigidification constante du droit du travail aux droits de succession d’entreprise excessifs, impôts et taxes en tous genres sur les revenus patronaux, salariés, sur le chiffres d’affaires, sur l’investissement. Notre modèle social bénéfique à la population pèse donc sur les entreprises et les affaiblit en même temps que guettent la compétition de la libéralisation économique et de la concurrence mondiale.

En effet, dans les années 80, l’économie française se libéralise, les grands groupes se transforment à toute vitesse sous l’influence des cabinets de conseil et banques d’affaires anglo-saxonnes (cf Transformation de Péchiney après une mission d’audit de McKinsey) laissant sur le carreau une grande partie de leurs sous-traitants qui ne peuvent pas suivre. La question s’ouvre de savoir comment financer notre modèle avec une société qu’on mène vers le tertiaire à cette période de dérégulation de l’économie, transformée en un espace de compétition commerciale à l’échelle mondiale. Les grandes nationalisations de Mitterand en 1982 (concernant plusieurs grands groupes industriels et banques comme Saint-Gobain ou Paribas) ouvrent un système binaire Grands Groupes — Sécurité Sociale, dans lequel le ministère de l’industrie devient le “Vatican” des grandes entreprises quand les entrepreneurs, PME et ETI ruraux sont oubliés. Ceux-ci ne modernisent ni leur gouvernance, ni leurs outils de production, ignorent ce que fait la concurrence étrangère, ne connaissent pas le système d’optimisation de production japonais. La France ne prépare pas son tissu industriel profond à la mondialisation. La désindustrialisation n’est pas envisagée car il n’y a aucun précédent.

Le gouvernement pense que les ennemis seront les grands groupes japonais et américains, mais ils ne voient pas arriver la compétitivité des innombrables PME chinoise anonymes, ni celle des pays de l’Est. Ils n’ont pas anticipé les accords sino-américains de Clinton, ni que l’entrée de la Chine dans l’OMC va ouvrir une autoroute pour tous leurs produits aux marchés mondiaux. Cela inaugurera la mondialisation et la position de la Chine dans ce nouveau paysage mondial telles que nous les observons aujourd’hui.

Une histoire industrielle liée à notre voisin allemand

Un pays dont le destin est très lié au nôtre à qui cette défaillance industrielle va profiter, c’est l’Allemagne. Leur histoire, leurs secteurs et leurs spécificités industrielles nous étant très proches, il est important de comprendre leur expansion qui coïncide parfaitement avec notre déclin. A la fin des années 90, l’Allemagne est dans une situation économique compliquée, dûe à une monnaie extrêmement faible combinée àune dépense publique forte depuis la réunification. La France se félicite d’être en excédent commercial sur son voisin industriel et de le voir désavantagé dans la conversion à l’Euro. En Allemagne, tout le monde comprend qu’il vont devoir faire un effort. Le chancelier Schroeder leur propose un agenda de “solidarité exigeante” et met en place les réformes Hartz de l’assurance chômage, établissant un statut de travailleur précaire et une modération des salaires sous le leitmotiv :

“Il vaut mieux un emploi peu payé que l’horreur du chômage payé à la maison.”

La population suit. Les entreprises allemandes gagnent en compétitivité et profitent de l’expansion chinoise en leur fournissant les machines de production. Les machines allemandes équipent l’usine du monde, cela en bénéficiant également d’une production surprenamment compétitive dans les pays de l’Est, qui deviennent d’exceptionnelles plateformes d’exportation. Tout ce que l’Allemagne achetait à la France, elle l’achète désormais aux pays de l’Est. Elle en profite pour dépasser la France à l’export sur ses mêmes spécialisations industrielles tirant parti d’un mix prix-qualité plus compétitif, notamment sur les voitures, le monde préfèrant acheter des Mercedes plutôt que des Renault. Les efforts précurseurs sur la montée en gamme et l’automatisation bénéficient de la dévaluation de leur monnaie en passant à l’Euro, pour profiter au maximum de l’explosion du marché chinois. Ces performances permettent aux Allemands de s’inscrire dans un cercle économique vertueux en investissant tous les revenus dans l’innovation industrielle renforçant encore plus l’écart de compétitivité avec la France. En quinze ans , ils passent d’un taux de chômage de 12% à 3% et d’un équilibre commercial à un excédent de près de 250M€, une performance économique inédite.

De notre côté, le manque d’anticipation, les fébrilités de notre tissu industriel et l’échec de notre plan Machines-Outils nous a fait perdre la bataille de l’automatisation et nous a empêché de profiter de l’expansion du marché chinois. Au contraire, cela nous en a fait subir les conséquences de plein fouet, aggravées par la libéralisation du marché unique européen. Notre croissance ne jouant qu’un rôle minime face à nos difficultés à l’export et les besoins de notre modèle social, notre solde commercial n’a cessé de s’effondrer depuis 20 ans pour atteindre un déficit record historique de 85 Md€ en 2021.

Enjeux de la réindustrialisation

Le France se retrouve donc dans une situation de dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement situées dans des pays en dehors du continent européen, en contradiction avec nos objectifs de transition écologique, et souvent en désaccord avec nos politiques sociétales. Sommes nous donc condamnés à nous cantonner au rôle de fournisseur d’innovations technologiques de qualité et bon marché, transformées par des entreprises étrangères en innovations industrielles qui nous reviendront sous forme d’importations dégradant encore davantage notre balance commerciale ?

On peut définir le déficit commercial comme un déplacement de fonds propres du capital des Français transférée vers l’étranger pour créer des emplois là-bas plutôt qu’ici. L’équation paraît donc simple, il faut créer avec les fonds propres des Français des emplois ici plutôt que là-bas. Il faut réindustrialiser. Ce n’est évidemment pas si facile, mais la simplicité de ce constat est importante à garder en tête. Résoudre cette équation est donc un projet important qui doit, selon beaucoup, être organisé par le prisme de l’innovation.

L’innovation crée un avantage compétitif qui permet de se différencier et de réduire les coûts de production pour pérenniser des implantations industrielles soumises à la concurrence sur le territoire. Ainsi, les mouvements de relocalisation ne peuvent s’envisager qu’en intégrant du progrès technique. Cette relocalisation amène donc potentiellement de nouveaux produits et de nouveaux marchés : on parle alors de réindustrialisation.

Dans cet objectif nous devons exploiter notre capacité à inventer. Notre système économique bureaucratique a beaucoup de défauts qui a, en partie, amené à notre situation actuelle. Mais il a paradoxalement l’avantage de protéger les individus en son sein, qui peuvent laisser libre cours à leur imagination. Nous sommes donc selon certains, plus créatifs que d’autres pays et notre réindustrialisation passera forcément par un effort d’invention, ce qui a toujours été une force concernant la puissance de la recherche française.

Mais l’invention et la recherche ne font pas tout, et c’est notre capacité à accompagner la création et la croissance d’entreprises innovantes à vocation industrielle qui nous permettra de relever le défi de l’innovation industrielle. Les startups du numérique commencent à relever ce défi, via la création d’une “startup nation” par le gouvernement, qui se félicite d’avoir poussé le développement de 25 licornes dans ce domaine. Mais les secteurs du logiciel et de l’industriel ont des spécificités de développement fondamentalement différentes, notamment par la contrainte majeure à la réalisation du défi : c’est l’effort de l’industrialisation. Et heureusement, énormément d’entrepreneurs veulent porter cet effort fièrement à travers le développement des startups industrielles.

Ces startups industrielles sont donc des animaux spéciaux, et représentent des défis difficiles à dompter. Dans l’imaginaire collectif, elles sont plus associées à l’image d’une PME que d’une startup. C’est un type d’entreprise avec lequel la population est beaucoup moins familière, ayant été habituée aux startups numériques depuis l’avènement de l’ère des startups dans la société française. D’autant plus depuis l’avènement du numérique dans nos vies via la création de startups qui n’en sont plus comme les GAFAM. Cependant, une entreprise a bousculé nos connaissances et notre vision du monde de l’entreprenariat depuis quelques années: la startup industrielle Tesla. Cette entreprise, dont le succès industriel n’est plus à prouver, permet d’appréhender les difficultés que peuvent rencontrer les startups industrielles, le temps long du développement et le potentiel économique, durable et géopolitique qu’elles peuvent porter. Mais son succès n’est pas étranger au soutien total que l’Etat américain a coutume d’offrir à ses pépites. C’est pourquoi nous allons découvrir ce que sont et ce que font les startups industrielles en France, et comment l’Etat souhaite apporter son soutien pour leur bon développement, dans l’objectif final de la réindustrialisation.

L’émergence des startups industrielles

L’Etat français a fortement soutenu le développement de startups technologiques via de nombreuses aides et subventions portées notamment par la FrenchTech et Bpifrance, ce qui s’est révélé être une franche réussite, avec la création de 20 000 startups et plus d’1 million d’emplois. Mais dans ces chiffres, seulement 1600 sont dites industrielles. L’Etat souhaite donc désormais axer une stratégie spécifique et réaliser le même succès pour les startups industrielles.

Fin 2021, Emmanuel Macron lance un grand plan d’investissement nommé France 2030, en extension du plan de Relance, pour transformer durablement les secteurs clé de notre économie et de se positionner en leader du monde de demain. Notre retard étant important sur beaucoup de technologies d’avenir, c’est d’abord un espoir d’une relance de l’économie française par l’innovation et donc de réindustrialisation qui est objectivé. 54 milliards € sont mis en œuvre auprès de tous les acteurs économiques et académiques pour déterminer les orientations stratégiques dans les secteurs clés de l’avenir. En consacrant la moitié aux acteurs émergents, l’Etat montre son envie de s’appuyer sur le tissu de startups et PME industrielles pour créer les sites de production de demain, compétitifs et générateurs d’emploi.

C’est avec objectif nommé de 100 nouveaux sites industriels par an d’ici 2025 qu’ a été lancé le plan Startups et PME Industrielles, dans la continuité du fonds d’investissement SPI (Société de Projets Industriels) et du plan Deeptech lancé en 2019 par Bpifrance. L’objectif est de financer l’implantation de démonstrateurs, d’usines pilotes et de 1ère usines, ainsi que d’accompagner les acteurs sur tous les points chauds du développement. Nous allons comprendre les détails de ce plan à travers l’analyse de la startup industrielle, de ces enjeux et de ses besoins.

D’après Bpifrance :

  • Une startup peut se définir comme une jeune entreprise, de moins de 10 ans, en forte croissance et levant des fonds.
  • Une startup à vocation industrielle développe, lors d’une phase de R&D, des innovations de produits ou de procédés impliquant à terme une production en série de biens matériels (au contraire des startups numérique qui proposent des services dématérialisés)
  • Une startup industrielle a concrétisé sa vocation lorsqu’elle fait le choix stratégique d’investir effectivement dans des moyens de production, en France ou à l’étranger, une usine tout simplement.

On compte aujourd’hui 1600 startups à vocation industrielle dont:

  • 30% dans la santé
  • 20% dans l’électronique
  • 10% dans l’énergie

⅓ sont labelisées deeptech, c’est-à-dire qu’elles sont issues de laboratoires de recherche publics ou privés et s’attachent à faire émerger des technologies de rupture.

⅓ sont labélisées greentech, c’est-à-dire qu’elles offrent une solution innovante (un produit, un service ou une technologie) qui améliore l’impact environnemental des entreprises ou des consommateurs, en contribuant significativement à, au moins, un objectif de la taxonomie européenne.

⅔ sont situées géographiquement en dehors de l’Île de France, et sont donc un levier de réindustrialisation des territoires, un enjeu économique et social fort comme on l’a vu avec les Gilets Jaunes.

Le développement des startups industrielles

Une startup industrielle se développe sur 5 étapes :

  • la recherche & développement : Développement de l’innovation en laboratoire, Définition du cahier des charges technique et fonctionnel, Fabrication du premier prototype, Validation de l’intérêt commercial ;
  • la préindustrialisation : Démonstration en environnement représentatif, Capacité de production en série à un coût de production donné, Procédés de fabrication, Choix technologiques, des fournisseurs, des partenaires ;
  • l’industrialisation : Passage à l’échelle pour une production en série commercialisée, Construction du site de production ou contrats de sous-traitance ou de licences, Recherche d’économies d’échelles ;
  • la commercialisation ;
  • l’export.

Les coûts d’un projet augmentent fortement jusqu’à l’industrialisation, poste d’investissement le plus massif et contrainte première sur les problématiques de financement des startups industrielles. Cependant les coûts varient selon le délai de développement et surtout la stratégie d’industrialisation, choix essentiel à effectuer tôt dans le développement pour anticiper la commercialisation. Trois choix s’offrent aux startups :

  • l’internalisation : investir dans une usine en propre — 50% des startups ;
  • l’externalisation : sous-traiter à des partenaires industriels la production de l’innovation, auquel cas les phases d’industrialisation ne sont pas à 100% de leur ressort — 25% ;
  • l’octroi de licence : vendre les droits d’usage de la R&D à des clients qui produiront et commercialiseront l’innovation développée, auquel cas seule la phase de R&D compte — 25%.

Seule l’internalisation permet de construire de nouveaux sites industriels et on voit que dans les chiffres actuels, peu de startups ont passé le pas d’investir dans une usine, dû à la complexité de la tâche et au manque d’accompagnement jusqu’ici. Un chiffre qui va tendre à l’augmentation.

Les degrés d’innovation et les secteurs influent sur cette stratégie. Par exemple, dans la santé, les normes de production sont tellement spécifiques que le modèle de licence est fortement utilisé, comme le modèle de la sous-traitance dans la robotique dû au nombre d’ensembles d’assemblage. Ensuite, les innovations de procédés sont contraintes de créer un site industriel (chimie, recyclage,etc).

Des évolutions de stratégie existent : Ledger a délocalisé en Chine lorsque sa demande a explosé et a réinternalisé deux ans après à Vierzon pour mieux contrôler la qualité. Des cas hybrides existent aussi : Devialet internalise une partie dans son site de production en Normandie et externalise une partie à l’usine de Bosch (se trouvant en Normandie également). On remarque dans ce dernier exemple un choix d’externalisation en France. Cela témoigne d’une réelle volonté de Made in France des startups qui externalisent dont 78% choisissent de le faire en France.

Les startups ont des besoins essentiels pour mener à bien ce développement :

  • Définir la proposition de valeur. La stratégie d’industrialisation est un moyen, la stratégie commerciale une fin, qui doit se décider dès la phase de R&D avec un axe international.
  • Définir la stratégie industrielle, comme expliqué auparavant, peut être en partenariat avec des PME du secteur disposant de l’expérience nécessaire.
  • Selon le choix de stratégie industrielle, elles doivent trouver de bons partenaires et fournisseurs pour constituer une chaîne de valeur spécialisée, locale et durable.
  • Trouver des compétences industrielles se révèlent être un vrai casse-tête en France en grande partie à cause de la désindustrialisation et l’abandon de l’industrie par l’éducation et la formation. On note aujourd’hui 70000 emplois non fournis dans l’industrie.
  • Trouver des financements est encore plus critique pour les startups industrielles. En cause, le temps long de l’industrie qui soufre de la comparaison avec les startups numériques qui mettent en moyenne 2–3 ans à décoller pour 7 à 10 ans pour une startup industrielle. C’est un des trous d’air qu’essaye de combler le plan d’investissement “Startups et PME industrielles” tout en incitant les acteurs privés à les suivre dans une démarche de partage des risques. L’objectif est de ne pas laisser nos pépites seulement aux mains des capitaux étrangers, ce que beaucoup de startups ne souhaitent pas mais sont parfois contraints d’accepter pour ne pas mourir et se développer.
  • Trouver du foncier où s’implanter est également un sujet complexe dans un si petit pays qui se défend de l’artificialisation des sols. Cependant des solutions existent comme les friches industrielles laissées par la désindustrialisation. Ce choix doit être stratégique et s’implanter dans les filières locales spécialisées auprès des bassins de compétences ou des matières premières.
  • Gérer les contraintes administratives que portent un projet industriel et innovant est un sujet très stratégique que ce soit sur l’implantation foncière ou sur la mise en marché.

Recréer un imaginaire commun autour de l’industrie

C’est seulement au bout de toutes ces étapes, après avoir défini ses stratégies commerciales et industrielles; après avoir trouvé des partenaires, des financements, des compétences, du foncier; après avoir levé toutes ces barrières que la startup pourra construire une usine. Elle deviendra ainsi industrielle et créera de l’emploi dans les territoires, de la compétitivité pour l’économie française, de la valeur à l’export. Elle contribuera enfin à inverser la tendance du solde fermeture/ouverture de site, de la fracture territoriale, de la balance commerciale française. Elle deviendra surtout un pilier de la souveraineté française sous un système durable. La dynamique des startups industrielles est lancée, par des pionnières qui ont montré que c’est possible, par un soutien de l’Etat intéressé et une structuration de l’écosystème privé d’accompagnement au développement, par un élan de chercheurs et d’entrepreneurs motivés. Il ne reste plus qu’à la population de développer à nouveau une conscience industrielle française, voir de nos propres yeux, comprendre, accepter le fait que nos produits soient réalisés en usine, et soutenir celles qui portent les valeurs de souveraineté et de durabilité française. Les startups vont participer à cet enjeu en participant à recréer un imaginaire commun autour d’une industrie durable française qui a pour but de relier notre héritage avec notre futur, de relier les bénéficiaires et les laissés pour compte de la mondialisation. Les projets industriels d’un pays, c’est la capacité de ce pays à se projeter et recréer du rêve. Chose qu’il nous faut faire, car une société qui ne rêve plus, c’est une société qui meure.

Édouard de Bisschop

Les propos tenus n’engagent que leurs auteurs et non le MTI Review.

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